Une assemblée publique sur le logement social à Ville-Émard-Côte-Saint-Paul dans Le Sud-Ouest

* Article mis à jour le 27 mars 2025 avec une précision de lieu et deux corrections. Il aurait fallu lire Florian Guérémie et Mission Unitainés, plutôt que Guéret et Unicité. Nos excuses.

Le 20 mars, au Centre de loisirs Monseigneur-Pigeon dans Le Sud-Ouest, des organisations ont invité des gens de différents horizons à une assemblée publique sur le logement social dans le secteur. L’événement a été organisé conjointement par les organismes Concertation Ville-Emard/Côte St-Paul et Projet d’organisation populaire, d’information et de regroupement (P.O.P.I.R.) – Comité Logement.

Le P.O.P.I.R. a actuellement une liste de 688 noms en attente d’un logement abordable. Flav Choquette Giguère, de l’équipe responsable de l’organisation communautaire au P.O.P.I.R. – Comité Logement, a tout d’abord dressé un portrait général de la situation.

Parmi les 34 152 personnes qui habitent le secteur, la moyenne de revenus des ménages est de 58 214 $ et descend à 39 800 $ pour une famille monoparentale. Ainsi, 49% des locataires paient plus de 30 % de leur revenu pour se loger et 9 % dépassent même les 80 % de revenus.

« On est de loin le quartier qui a le moins de logements sociaux dans Le Sud-Ouest », indique Flav Choquette Giguère, avec un taux de seulement 7 %. Près de 10 000 ménages sont locataires, soit 62% des gens. Selon les données les plus récentes, il y aurait 8 881 logements privés et 1169 logements sociaux.

« Il y a un manque de terrains vacants dans le quartier », poursuit la même personne responsable de l’organisation communautaire.

Montréal a un objectif de 20% de logements sociaux en 2050. Pour atteindre ce chiffre, il faudrait en construire 2 600 d’ici là, dans Ville-Émard-Côte-Saint-Paul, selon les estimations du comité de logement.

Plutôt que d’avoir entrepris des constructions de logements au cours des dernières années, on a surtout assisté à des constructions de condominiums, à des flips immobiliers et à des cas de rénoviction, poursuit Hélène Pelteau, organisatrice communautaire pour le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Aussi, la disparition de nombreuses maisons de chambres a accentué la crise du logement.

L’assemblée a également permis d’aborder l’enjeu de l’itinérance. Florian Guérémie, travailleur de rue dans les quartiers de Ville-Émard-Côte-Saint-Paul pour Travail de rue action communautaire (TRAC), a relaté que ce sont surtout l’itinérance invisible et l’itinérance cachée qui existent dans le secteur.

« Les personnes dans la rue ne sont pas toutes sans logis, mais elles se retrouvent malgré tout en grande précarité et sans logement propre à elles. Les personnes vont dormir de place en place, parce qu’elles sont acceptées. Ça précarise grandement ces personnes, en particulier les femmes », affirme-t-il.

Les projets immobiliers de logement social dans Ville-Émard-Côte-Saint-Paul

Durant cette assemblée, certains projets ont été présentés au public.

Au sujet de l’Habitation Eadie/De l’Église, Pamela David, directrice générale de Alternatives Communautaires d’habitation et d’intervention de milieu (ACHIM), a rappelé que le projet du 1909, rue de l’Église, est dans les cartons depuis 2019. Il devrait être complété en 2026. Les coûts totaux sont de 45,5 M$.

Il devrait compter 113 logements, dont 30 à 50 % de logements subventionnés. Désormais porté par Habitation Les Trinitaires, il sera multi-clientèle et la liste d’attente du P.O.P.I.R. sera utilisée pour le remplir.

Le deuxième concerne deux édifices de la Mission Old Brewery. Assia Kada, directrice-générale de Concertation Ville-Émard-Côte-Saint-Paul, a expliqué que les 12 logements au 2136, rue de l’Église seront consacrés à des femmes qui sortent de l’itinérance. L’autre sur le boulevard Monk comprendra 18 unités supervisées avec un rez-de-chaussée commercial.

Un projet est situé sur la rue de l’Église, entre Hadley et Saint-Patrick. Jean-François Gilker, conseiller senior au développement au sein de l’organisme Bâtir son quartier, a expliqué que deux scénarios sont évoqués pour ce projet embryonnaire.

Le premier scénario prévoit 100 logements dans un bâtiment géré par Mission Unitainés, au côté de 100 logements dans un bâtiment voisin, géré par ACHIM. Sinon, il est aussi possible qu’il n’y ait qu’un seul bâtiment de 240 logements sur 6 étages, de type multi-clientèle. Rien ne sera bâti avant un an sur ce terrain de la Ville de Montréal, évalué à 3,2 M$.

Le quatrième projet concerne les Habitations Angers, une habitation à loyer modique, de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). Isabelle Breault, architecte, a expliqué que des travaux d’urgence ont dû être faits sur cet édifice, grandement endommagé en raison d’un incendie.

Pour donner suite à cela, des travaux de dégarnissage intérieur ont été réalisés. La phase actuelle vise à remettre à neuf le bâtiment afin de permettre le retour de résidentes et résidents dans les 101 logements vers la fin 2026, début 2027. Ces travaux ont coûté 25,8 M$.

La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes le 20 mars 2025.