Apprendre à mixer de la musique comme les DJ à plus de 60 ans au Quai 5160

Il n’y a pas d’âge pour apprendre le mixage sonore pour les quatre personnes aînées ayant assisté, le 16 novembre à la Maison de la culture de Verdun, à l’atelier d’initiation au platinisme animé par la DJ torontoise Lather Rinse Repeat – Emily Li Yahong, de son vrai nom.

Marie-Claude, Joanne, Ginette et Chris ont eu l’occasion d’apprendre les bases du platinisme, aussi appelé DJing, de manière décontractée et en petit comité. Marie-Claude L’Heureux, Verdunoise, ressent une certaine aise à suivre les cours dans cet environnement. « On est tous au même niveau, on n’est pas nés avec un ordinateur dans les mains, avance Mme L’Heureux, je ne pense pas que je vais me sentir à part des autres. »

L’habitant du Plateau-Mont-Royal Chris O’Flaherty dit organiser des événements chaque été en France. M. O’Flaherty n’aimait pas la musique électronique, mais voir des disques-jockeys à l’ouvrage lui a donné envie de suivre les ateliers, par désir de « faire danser les gens ». Ce n’est pas facile, selon lui, de digérer toutes les informations. C’est plutôt avec la pratique, pense-t-il, qu’il s’améliorera, mais il apprécie le déroulement des cours.

C’est la première fois que Lather Rinse Repeat anime un atelier de DJing. « C’est un moyen de redonner à la communauté », dit celle qui avait commencé à suivre des cours de platinisme six ans auparavant. Pour Mme Li Yahong, avoir un intérêt pour la musique électronique ou des connaissances de base en théorie musicale est un atout. Ceci dit, jamais autant de ressources n’ont été disponibles pour s’adonner au mixage, selon elle. « Tout le monde peut apprendre. »

Un autre cours aura lieu le 23 novembre prochain, avant que les quatre DJ en herbe se livrent à une prestation informelle le 7 décembre en privé.

Comment mixer ?

Les disques-jockeys amateurs et amatrices disposent d’ordinateurs portables et de consoles empruntées au Quai 5160 pour s’exercer, que ce soit pendant ou entre les cours. Les consoles fonctionnent avec des logiciels pour les DJ, tels que Rekordbox et Serato. Les bars et les clubs ont tendance à utiliser Rekordbox, tandis que Serato est utile pour les platinistes autonomes qui se déplacent avec leur propre matériel, souligne Mme Li Yahong.

Un ou une DJ joue deux chansons à la fois. Chaque moitié de la console contrôle une chanson. Une seule des deux chansons est audible, sauf pendant les transitions. Lors d’une transition, le ou la DJ atténue progressivement la chanson audible, et fait ressortir celle qui l’est moins, créant un fondu entre les deux.

Lather Rinse Repeat leur montre comment uniformiser le tempo de toutes les musiques, de façon à ce qu’elles s’enchaînent naturellement. Dès le départ, il est préférable de choisir des titres dont les tempos sont déjà similaires, pour ne pas distordre ou perdre l’intégrité musicale des versions originales, avance la DJ professionnelle.

Pour créer des transitions encore plus fluides, elle conseille aussi que les tonalités des morceaux soient complémentaires entre elles. Ainsi, le passage d’une chanson en do majeur à une autre en sol majeur est plus organique que le passage de do majeur à mi bémol mineur, par exemple.

Tous les 8 ou 16 temps, on ajoute ou retire un élément musical pour produire des contrastes. Mme Li Yahong leur explique enfin comment faire un « loop » avec un extrait pour le répéter en boucle. Elle les invite à essayer après avoir terminé sa démonstration.

Après cinq minutes d’essais-erreurs, la « DJ So », Ginette, parvient à ponctuer un rythme techno de quelques « Ya habibi » extraits des Mille et une nuits de la chanteuse Oum Kalthoum, sous le regard admiratif des trois autres apprentis platinistes.

La photo de couverture a été prise par Théo Bou Eid le 17 novembre 2024.