L’accessibilité peut devenir un enjeu de taille pour les personnes en situation de handicap se déplaçant en fauteuil roulant. La routine de trois LaSallois, rencontrés par Nouvelles d’Ici, révèle les réussites en matière d’accessibilité universelle dans l’arrondissement, mais aussi certains angles morts que la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet, a accepté d’aborder au cours d’une entrevue en mairie le 13 novembre dernier.
Interpelée sur les questions d’accessibilité, Mme Blanchet a confirmé son grand intérêt : « L’accessibilité est un dossier qui me tient beaucoup à cœur ».
LaSalle en fauteuil roulant ? Expériences de 3 citoyens
Daniel Jarry, 67 ans, était bénévole au Centre action LaSalle avant son déménagement. Il était représentant des ventes dans une entreprise d’imprimerie avant un anévrisme dans le haut du cou, à l’âge de 24 ans.
Paul Leslie, 73 ans, enseigne à temps partiel à l’UQAM en Sciences des religions. Il souffre de la maladie de Parkinson, de neuropathie et a eu sept cancers.
Jean-Paul Dussault, 70 ans, était analyste en tarification, il a reçu un diagnostic de sclérose en plaques en 1992.
Ces trois LaSallois se déplacent tous en fauteuil roulant motorisé.
Se loger à LaSalle
Daniel Jarry habite dans un immeuble à logements. Il a bénéficié d’une subvention d’adaptation de domicile du Gouvernent du Québec. Ainsi, la salle de bain a été adaptée à ses besoins, entre autres, et les portes d’entrée de l’immeuble s’ouvrent maintenant automatiquement.
Trouver un logement convenable a été un travail de longue haleine pour Paul Leslie. Il a visité 39 logements avant d’en trouver un qui lui convenait à LaSalle.
Jean-Paul Dussault habite aussi un immeuble à logements. C’était important pour lui d’avoir un espace de stationnement dans un garage, puisqu’il conduit une fourgonnette adaptée.
Un ascenseur est essentiel pour tous.
Se déplacer dans l’arrondissement
Tous les trois apprécient la piste cyclable à LaSalle, mais expliquent qu’elle peut être dangereuse. « Les cyclistes vont trop vite. Lorsque je traversais la piste cyclable, j’ai été frappé par un vélo électrique à l’arrière de mon quadriporteur et j’ai fait une chute », raconte M. Jarry. « Je perçois du ressentiment de la part des cyclistes qui frôlent mon fauteuil roulant, qui a été endommagé par l’un d’entre eux. Ils circulent rapidement » ajoute M. Leslie. Les fauteuils roulants motorisés sont pourtant permis sur la piste cyclable. De son côté, M. Dussault l’emprunte pour se rendre à Place LaSalle. « Il y a beaucoup de circulation les weekends et les vélos roulent trop vite. J’aimerais voir installer des panneaux le long de la piste pour sensibiliser la population aux règlements », indique-t-il.
« Est-ce que la sensibilisation pour une cohabitation plus harmonieuse sur la piste cyclable est souhaitable ? Tout à fait. Nous aimerions le faire de façon active. Les panneaux, il faut prendre le temps de les lire. Les délinquants s’arrêteront-ils pour le faire ? Nous allons certainement le considérer », a précisé la mairesse avant de souligner la nécessité de « stratégies un peu plus intrusives ».
Des cadets de la police sont déjà intervenus pour expliquer les règlements de la piste cyclable, notamment la limite de vitesse.
Cette année, un projet pilote a été lancé visant à prêter gratuitement des vélos adaptés pour les personnes en situation de handicap. Il y a différents modèles de vélo, selon le type de handicap. « On prêtera un vélo à des personnes qui n’ont pas de handicap juste pour essayer et ça, je crois, est la meilleure sensibilisation », propose la mairesse, qui l’a fait et a beaucoup appris de l’expérience.

Les trois LaSallois en fauteuil roulant ont remarqué que les trottoirs sont en mauvais état et mal entretenus. « Les descentes ne sont pas déblayées en hiver », constate M. Dussault. « Je préfère la rue, car c’est plus lisse et j’ai moins de chance de tomber », dit M. Jarry.
« Chaque année on donne un contrat de réfection des trottoirs pour réparer les sections qui sont les plus brisées. La meilleure chose à faire quand on constate qu’un trottoir est endommagé est de composer le 311. Le trottoir sera mis sur la liste à réparer », précise Mme Blanchet. Quant au déneigement des descentes, le contremaitre qui travaille avec les équipes de déneigement en sera avisé, assure la mairesse.
Le transport adapté permet aussi de se déplacer sur de plus longues distances, et c’est gratuit.
M. Dussault possède une fourgonnette adaptée qu’il conduit avec les mains, dans son fauteuil roulant. Elle est équipée d’une rampe. Cependant, chaque fois qu’il la stationne, il découvre que les automobilistes ne respectent pas la consigne affichée, pourtant, sur le côté du véhicule : SVP prévoir 3m de dégagement. « Des espaces réservés pour les véhicules avec rampe dans les aires de stationnement des centres commerciaux seraient pratiques », selon ce dernier.
Faire ses achats
Faire les achats peut être une aventure en soi. Les commerces situés dans un centre commercial linéaire ne sont pas tous adaptés pour les fauteuils roulants. Certains établissements commerciaux plus anciens, tels que ceux dans le Bronx, ne sont pas soumis à l’obligation légale d’accessibilité. L’installation de rampes dans les établissements publics et commerciaux ainsi que dans les bureaux privés du dentiste ou du notaire, par exemple, serait utile.
Selon la mairesse de LaSalle, l’enjeu qu’il y a pour certains petits commerces, comme par exemple sur la rue Centrale, est que le bâtiment donne directement sur le domaine public. Il est impossible de construire une rampe sur le domaine public.
Il est possible de circuler facilement en fauteuil roulant au Carrefour Angrignon. « Un désavantage est que le comptoir où sont situés les lavabos, dans les toilettes, est trop haut pour se laver les mains », nuance cependant Daniel Jarry.
Et pour se distraire ?

Daniel Jarry et Jean-Paul Dussault prennent plaisir à faire de la planche à pagaie en été au Parc des rapides.
Trois fois par saison, des bénévoles de O’sijja, un organisme à but non lucratif, accompagnent les gens en fauteuil roulant qui se sont inscrits au coût de 25$ pour 90 minutes. Les frais couvrent le déplacement des bénévoles et le coût de location de l’équipement.
M. Dussault apprécie le Centre du Vieux Moulin au 2e étage du centre culturel et communautaire Henri-Lemieux, accessible grâce à son ascenseur, où il a participé à des ateliers de peinture.
La plupart des restaurants à LaSalle sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, quoiqu’il puisse être difficile de se rendre aux toilettes à cause de l’espace restreint, parfois encombré de chaises.
Bientôt un plan d’accessibilité universelle à LaSalle
L’Arrondissement dispose d’une conseillère en planification dont le mandat premier, cette année, est la réalisation d’une planification en accessibilité universelle.
Ce concept vise à prendre tout le monde en compte, les personnes en fauteuil roulant, mais aussi vivant d’autres situations. Pour la conception des piscines par exemple, l’accessibilité universelle se traduit par des entrées en pente douce, comme sur une plage, plus que l’installation d’une rampe, en plus des accès traditionnels.
« Le plan en accessibilité universelle devrait être adopté dans les prochains mois. Je rêve d’un moment ou on pourra s’asseoir avec des personnes qui vivent avec des limitations pour venir nous challenger. Moi, je rêve de jaser avec ces personnes-là, mais sur une base régulière. On pourrait s’assoir ici dans mon bureau puis discuter de leur réalité. Ce serait hyper pertinent pour moi, mais je pense que ça le serait encore plus pour l’ensemble de la communauté ».
Aziz Mestiri et Karine Joly ont collaboré à la rédaction de cet article.
La photo en haut de cet article a été fournie par Jean-Paul Dussault.

Joanne Monette
Collaboration spéciale
Grand-mère de six petits-fils, Joanne habite LaSalle depuis 50 ans. Originaire de Delson, au sud de Montréal, elle déménage pour travailler chez Impérial Tobago comme secrétaire, avant de rejoindre le cabinet d’avocats Blakes en tant qu’adjointe juridique. Trilingue, elle parle couramment l’espagnol. Joanne est une membre de la deuxième cohorte des ateliers de journalisme citoyen de Nouvelles d’Ici.
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